"Si on me propose un rôle de bombasse, je fonce"
La comédie française "Les invincibles" sort aujourd'hui au cinéma. A l'affiche notamment, Virginie Efira dans le rôle de la jolie Caroline, assistante de l'organisateur du championnat de pétanque, qui fait tourner toutes les têtes, surtout celle de Momo. Et Atmen Kelif, dans le rôle de Momo, as de la boule dont la peau basanée est le plus grand obstacle pour atteindre la finale du tournoi. Atmen Kelif est aussi scénariste du film qui s'inspire de son histoire personnelle.
"Je n'ai pas de complexes intenses mais il y a des actrices beaucoup plus jolies que moi. Alors si on me propose des rôles de bombasse, je ne trouve pas que ça soit une offense à ma personne. Quand je trouve des attributs physiques à une femme, ce n'est pas pour ça que je lui enlève des attributs intellectuels ou de l'humour."
Virginie Efira
Nous les avons rencontrés il y a quelques jours lors de leur passage à Bruxelles. Interview duo.
De quoi vous avez besoin pour accepter un film?
Atmen Kelif: Je suis au départ de ce film. Je voulais raconter des sentiments que j'ai connus: des frustrations, des bonheurs, des joies, une convivialité. C'est une carte postale de la France aussi.
Virginie Efira: Disons que ça dépend du moment où on se situe dans son parcours professionnel. Quand j'ai commencé, je recevais deux scénarios. La possibilité de choix n'était pas folle.
On accepte aussi par rapport à ce qu'on nous propose. J'en reçois plus aujourd'hui mais ce qui m'intéresse prioritairement, c'est le réalisateur. Le scénario, c'est important mais c'est surtout comment on raconte l'histoire qui compte. Que ça soit raté ou non au final, on ne maîtrise pas ça. Mais il faut avoir envie de suivre quelqu'un au départ. Sur ce film-ci, je vais être honnête, ce n'est pas le réalisateur, c'est Atmen.
C'est une histoire qui parlait de lui, de problèmes d'intégration, d'identité. Il faut avoir envie de participer à l'histoire de quelqu'un et j'ai eu envie de participer à son histoire.
Le film parle d'un thème très actuel: les problèmes d'intégration. Est-ce qu'on peut rire de tout quand on traite ce sujet?
Atmen: Je pense que le public attend que les Maghrébins, les Algériens rigolent de ça. Ce n'est pas vraiment un film de l'intégration, c'est plutôt un film sur l'acceptation.
On nous demande de choisir un camp. Moi, j'ai choisi le mien: c'est le pays où je suis né, la France, avec mes amis français, maghrébins, portugais, juifs.
Virginie: Si je peux rajouter un truc sur l'intégration, j'ai remarqué qu'entre Bruxelles et Paris, c'est géré très différemment. Je trouve que c'est une grande qualité de Bruxelles: l'identité, elle est avant tout bruxelloise, plus que marocaine ou belge. En France, j'étais presque choquée de la stigmatisation. Je n'ai pas senti ça pendant mon enfance et mon adolescence à Bruxelles. Je sais que ces problèmes existent partout mais à l'école où j'allais à Schaerbeek, tous les milieux sociaux étaient représentés, toutes origines confondues. En France, tu n'as pas ça. Il y a des écoles ghetto. C'est quelque chose qui se fait moins bien.
Gérard Depardieu est comme un père qui sait tout et un gros bébé en même temps.
Atmen Kelif
Virginie, vous jouez la jolie fille blonde, la bombe, celle que tout le monde a envie d'avoir. Quelle est votre réaction quand on vous propose ce genre de rôle?
Virginie: C'est marrant parce que dans le premier film que j'ai tourné,"Le siffleur", c'était une fille qui était tout le temps en maillot de bain et un tout petit peu décérébrée
. Son principal atout, son principal instrument, c'était son corps. Après, pendant les interviews, les gens me donnaient l'impression que ça me rabaissait un peu.
Mais j'avais maigri comme une malade pour ce film, c'était super. (Elle sourit.) D'habitude, on me propose des femmes déjà mères, plus âgées, pas du tout des bombasses. Du coup, quand on me propose ce genre de rôle, je fonce. Je trouve qu'il n'y a rien de plus drôle et pathétique qu'une fille super jolie qui s'en plaint, qui dit que c'est un tel handicap.
Si tu peux être marrante derrière, vas-y.
Je n'ai pas de complexes intenses mais il y a des actrices beaucoup plus jolies que moi. Alors si on me propose des rôles comme ça, je ne trouve pas que ça soit une offense à ma personne. Quand je trouve des attributs physiques à une femme, ce n'est pas pour ça que je lui enlève des attributs intellectuels ou de l'humour. En tout cas, je ne ferai jamais un film qui raconte un truc de la femme qui ne me plaît pas.
La pétanque, ça vous parle?
Virginie: J'ai une mère belge qui est partie vivre dans le Sud et la moitié de ma famille joue dans le film. Mon beau-père fait l'arbitre, ma mère était là tout le temps sur le tournage. Ils sont à fond mais ce n'est pas une passion pour moi. Ce qui est chouette dans la pétanque, c'est qu'on peut boire. Il y a des sports qui vont très bien avec mon énergie naturelle: la pétanque, la pêche...