Marion Vernoux réussit une comédie sentimentale attachante, menée avec vivacité et simplicité, sur trois adultes immatures, incarnés par des acteurs délicieux.
L’argument : Pierrick est encore sous le coup de la disparition récente de son frère. Alors pourquoi ne pas accepter l’invitation de Tessa, sa meilleure amie, dans sa maison familiale afin de passer une semaine seul à méditer sur sa vie ? Mais à son arrivée, Pierrick trouve la maison déjà occupée par Marie, la demi-soeur de Tessa, venue y soigner une blessure amoureuse
. Après une soirée très arrosée suivie de l’arrivée inopinée de Tessa elle-même, le trio va aller de situations délicates en révélations inattendues...
Notre avis : Les truculences fantaisistes de la réalisatrice indépendante américaine Lynn Shelton semble séduire les cinéastes français. Après le remake de son Humpday, devenu Do not disturb sous la houlette de Yvan Attal, c’est au tour de Marion Vernoux de s’y coller en adaptant Mon meilleur ami, ma soeur, et moi.
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Mais qu’a donc Lynn shelton pour intéresser à ce point les cinéastes français ? Sans aucun doute une petite musique qui berce l’intime, tout en servant la comédie d’un soupçon de vaudeville à la Feydeau. Mais ici point d’époux caché dans le placard, mais un trio de personnages nullement lié par les voeux sacrés du mariage. Un jeune homme, Pierrick, endeuillé par la mort de son frère, sa meilleure amie Tessa, également ex de son frère, et Marie, la soeur lesbienne de Tessa. Les relations qui vont se nouées autour d’eux, lors d’une crise dépressionnaire sur une île de Bretagne battue par le vent houleux des émotions, où chacun s’est retranchée pour faire le point, servent de charpente à un récit sentimental touchant qui ne manque pas de mordant.
Avec un coté post adolescent attardé les trois personnages babillent sur l’amour ou du moins l’idée qu’il se font de l’amour. Le tout étant de dissimuler le péché originel, l’incident involontaire maladroit, l’outrage à l’amitié : Pierrick a couché avec la sœur de sa meilleure amie qui elle-même, découvrons-nous, est secrètement amoureuse de lui. Grace à une distanciation astucieuse, Marion Vernoux donne une certaine fraîcheur aux rapports un peu puérils et régressifs de ces personnages. Ces cachotteries entre amis lorgnent un peu du côté de la cour de récréation, mais sans le caractère bêta des comédies romantiques françaises, dont parfois, mais pas ici, Virginie Efira était devenue l’égérie.
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Il faut dire que Marion Vernoux, réalisatrice de Personne ne m’aime et Reine d’un jour, a un vrai talent pour la comédie, bien loin des gaudrioles lourdaudes de certains de ses compatriotes français, spécialisés dans ce genre parfois un peu ingrat. Bref, ne vous arrêtez pas au titre un peu bidon et à l’affiche un peu laide, Et ta soeur est un délicieux moment de comédie sentimentale qui a su s’affranchir de son modèle américain, avec dignité.