n 2013, GQ avait fait de Virginie Efira sa femme de l’année. Elle jouait alors dans 20 ans d’écart, une comédie romantique plutôt bien foutue mais respectant les règles du genre dans ce qu’elles ont de plus convenues. Elle revient aujourd’hui avec Victoria… Qui peut être vue comme une version décalée et branchée du précédent.
Dans ce film projeté à Cannes en ouverture de la Semaine de la critique, elle campe une avocate pénaliste un peu nymphomane. Ou disons plutôt libre de son désir, puisque c’est également un film féministe qui, pour le marché anglo-saxon, a été re-titré In Bed With Victoria.
Plantée par son baby-sitter, Victoria/Efira confie ses enfants à un de ses anciens clients : Vincent Lacoste, improbable et pourtant impérial en dealer de coke décidé à se ranger. Parallèlement, elle défend son ex, incarné par son véritable ex Melvil Poupaud (attention mise en abîme), accusé d’avoir poignardé sa petite amie lors d’un mariage. Le témoin à charge se révèle être un chien, et celui de la défense un chimpanzé (non ce n’est pas complètement crédible, mais presque).
On a aimé beaucoup de choses dans ce nouveau film de Justine Triet, remarquée pour La Bataille de Solférino, autre brillant portrait de femme au bord de la crise de nerf…Par exemple le fait que Victoria aime infiniment ses enfants - deux petites filles très présentes en arrière-plan - comme bien des parents, mais se révèle incapable de ne pas penser à autre chose lorsqu’elle s’en occupe.
Ou encore les scènes de sexe et de fêtes mises en boîte avec une gourmandise communicative.
Sans parle des plaidoiries surréalistes, aussi brillamment écrites que jouées. Mais ce qu’on a surtout aimé c’est Virginie Efira, sexy, forte, déterminée, paumée, déprimée… Parfois à l’intérieur d’une même scène. Elle fait preuve d’une richesse de jeu qui dépasse cette maîtrise de la mécanique comique qu’on lui connaissait déjà.
Bref, si elle n’avait pas été notre femme de l’année 2013, elle aurait bien pu devenir notre femme de l’année 2016, d’autant qu’elle est également à l’affiche de Elle de Paul Verhoeven, autre film présenté à Cannes, en sélection officielle celui-là.