Après avoir triomphé dans les comédies populaires, elle séduit désormais le public intello et branché grâce à « Victoria », un film qui lui donne une nouvelle envergure. Extraits de l'interview.
Longtemps, elle n’a été qu’une jolie blonde sympa de la télé avant de se voir promue girl next door attitrée des comédies romantiques grand public, l’équivalent francophone de Drew Barrymore ou Cameron Diaz. Pourtant on le savait, Virginie Efira méritait mieux que ce petit rôle de poupée rentable. Grâce à « Elle », de Paul Verhoeven, sélectionné au dernier Festival de Cannes, et surtout à « Victoria », la plus belge des actrices françaises accède à la cour des grandes. En avocate perdue entre ses enfants, ses amants, son ex-mari et ses séances de psy, elle fait des merveilles dans la comédie échevelée de Justine Triet. (Lire aussi : Virginie Efira, l'amoureuse indépendante )
A l’écran, vous incarnez les super héroïnes et les femmes fortes alors que vous confiez avoir longtemps manqué d’assurance.
Parce que, à l’époque, la Belgique n’était pas encore ce truc cool, “t’es belge donc t’es géniale”. C’était un complexe. En arrivant à Paris, je me sentais toute petite.
En plus, j’étais folklorisée par mes amis qui me disaient : “C’est marrant, tu parles comme à la télé.” D’ailleurs, il y a des gens qui me demandaient : “Tu crois vraiment que tu vas y arriver avec ton accent ?” ( Lire notre critique de "Victoria" )
"Il y a une sensualité de chaque âge. Les femmes que j’aime sont celles qui assument ça"
Pourquoi avez-vous souvent interprété des personnages plus âgés que vous?
Quand j’ai reçu le scénario de “Vingt ans d’écart”, j’ai trouvé bizarre qu’on me propose un rôle de cougar alors que j’avais à peine 35 ans, mais je me suis dit : “Bon, apparemment, je suis un peu entamée.” [Elle rit.]
Le réalisateur avait contacté des comédiennes plus vieilles que moi mais elles avaient refusé. Moi, je préfère prendre les devants ! Ça fait trois ans que je dis que j’ai 40 ans alors que j’en ai 39. Comme ça, c’est fait. Dire que je n’ai pas du tout peur de vieillir serait faux, mais je préfère en faire une force plutôt qu’un déficit. Il y a une sensualité de chaque âge. Les femmes que j’aime sont celles qui assument ça.
Le choix de l’appeler Ali a une résonance presque politique aujourd’hui...
A fond ! Je n’y avais pas vraiment pensé au moment de sa naissance, parce qu’il y a trois ans tout ça n’avait pas le même sens... Il y a quand même quelqu’un qui m’a dit : “Avec un nom pareil, ça ne va pas être facile de lui trouver du travail !” Ce prénom a une signification très intime pour moi. Quand j’ai rencontré son papa, il m’a proposé de jouer dans un film dont le personnage principal s’appelait Ali.
On s’était échangé le scénario avec une très belle photo d’Ali MacGraw, la raie au milieu, le regard droit, très élégante, elle est d’ailleurs restée sublime, pas de chirurgie... C’est lui qui m’a ensuite fait découvrir tous les documentaires sur Mohamed Ali. On ne pouvait pas l’appeler autrement...